lundi 21 juin 2010

ANBB = Alva Noto + Blixa Bargeld


C'est une merveille d'idée de collaboration. Pas tellement pour le "futurisme" du travail "click and cuts de Noto" qui viendrait réinjecter un peu de nouveauté dans le travail peut être un peu fatigué des Neubauten. Mais au contraire, par ce qu'en passant par dessus les carrières de ce qu'il faut bien appeler deux géants de la musique "expériementale" allemande, ce projet prolonge en les renouvelant leurs obsessions à tous les deux : la fusion homme machine : celle de l'abstraction et de la matérialité brute, celle de la mélancolie et du process. Neubauten faisaient ça avec des instruments de chantiers, Alva Noto tente de faire émerger l'homme dans les motifs répétitifs du processus industriel. Ah l'histoire interminable des relations des allemands - et des berlinois - avec la modernité... Les deux donc en se rencontrant se servent de l'autre et servent l'ensemble, tout semble naturel, fluide et cohérent, même cette dialectique entre la voix (cri théière d'un bargeld en pleine forme !) et les fréquences mécaniques. Je n'ai pu encore qu'écouter les extraits du maxi chez Boomkat, mais c'est bel et bien la meilleure chose de Bargeld depuis longtemps (Je ne suis pas assez spécialiste de Noto pour juger de son côté). J'attends déjà beaucoup de l'album qui va sortir cet été...

vendredi 4 juin 2010

Berghain Massaker

Le Berghain en mode salon éléctroaccoustique était plein de gens un peu moins jeunes que d'habitude, voir même de vieux décatis de plus de 35 ans, mais pas seulement. J'avais personnellement la légère angoisse que le Caspar, après dix ans de pause, ne revienne un peu mou, du genre à jouer de la house hawaïenne au laptop... Pas d'inquiétude les chérubins, le retour du Massaker (vos missels page 281) était réglé comme du papier à musique qu'on aurait brûlé avec l'essence suintante d'une voiture syphonnée : le power sur les chapeaux de roue (ce batteur !), l'extase continue de la guitare qui visite tous les modes de l'explosion... Des enceintes mi-hibou mécanique, mi-machine de guerre (l'un n'empêchant pas l'autre ?) du Berghain, l'inneffable lyrisme primitif du Brötzmann oscillait sans fin, évoquant Hendrix et Neubauten à la fois, mélange inédit et proprement inégalable, d'une énergie très mâle... jusqu'au Massaker final. Caspar ist nicht tot... C'était un jour comme on n'en fait pas souvent. Je joins son clip à deux francs des années 90, à titre de témoin musical. Si vous parvenez à faire le pas conceptuel depuis le streaming en mauvaise qualité jusqu'à l'énergie du concert, vous y êtes.